Les habitants de Saint-Denis et des alentours ont tous fréquenté un jour ou l’autre jusqu’à l'année 1994 la « Boulangerie, café-restaurant Louvet » installée au centre du village.
La boulangerie fournissait le pain et quelques pâtisseries à ses clients de Saint-Denis et de Saint-Rémy. En plus de la vente au magasin, des tournées desservaient les hameaux les plus éloignés. Ces livraisons ont commencé en voiture à cheval puis en triporteur et pour finir en voiture. Le four était l’un des plus grands en surface du département de l’Ain. Il pouvait être chauffé au bois ou au mazout. Plusieurs fournées étaient cuites dans la journée, sauf le lundi, jour de fermeture.
Le pain se payait au comptant ou à crédit avec un système dit du « carnet à pain ». Avec ce carnet, le règlement se faisait à la semaine ou au mois. Quelques clients fréquentant le café mitoyen demandaient aussi d’inscrire le montant de la tournée sur le carnet du pain, ce qui ne marchait pas toujours !
La gamme de pain proposée en ce temps-là n’était pas si large qu’aujourd’hui : le « gros pain » de 1,5 kg, la flute de 400 g, la baguette et le « pognon » de 250 g garnissaient les rayons.
Quelques croissants, pains au chocolat, biscottes et petits gâteaux étaient aussi en vitrine. Les fins de semaines et pour les fêtes, les brioches, tartes à la crème, au sucre ou au fromage étaient très demandées.
Beaucoup de jeunes mitrons (apprentis) qui ont été formés au dur travail de boulanger se sont ensuite installés dans des communes environnantes.
Des repas " ouvriers " à midi
Le café-restaurant quant à lui était le rendez-vous des habitants tout au long de la journée. Le matin, après les courses à la boulangerie ou dans une des épiceries du village, un petit tour au bistro avec un ami pour trinquer et discuter un moment. A midi, le restaurant accueillait les pensionnaires pour ce que l’on peut appeler aujourd’hui le « repas ouvrier ». Ces repas étaient commandés à l’avance pour des achats au jour le jour : pas de surgelés, pas de conserves, tout était cuisiné « maison ». Beaucoup de plats et de gratins étaient ainsi cuits dans le four de la boulangerie après la dernière fournée.
A l’arrière salle, une grande tablée réunissait les patrons, les employés et quelques habitués pour un repas très convivial où les blagues fusaient de toute part.
L’après-midi ou en soirée suivant la saison, les amateurs de belote et de tarot occupaient la salle jusqu’à l’heure de la fermeture.
La clientèle du café était essentiellement masculine. Tous les événements étaient en grande majorité un prétexte à un « arrosage ». Une naissance, un anniversaire, une voiture neuve, un permis de conduire devaient se fêter ; de préférence avec « un pot de rouge » ou un apéritif selon le moment de la journée. Les jours d’enterrement, le café était aussi beaucoup fréquenté pendant et après la cérémonie.
Le dimanche après la messe, la salle faisait le plein et là, tous les potins de la semaine étaient commentés.
La plupart des fêtes et grands événements donnaient lieu à des banquets. Les conscrits, les pompiers, les anciens combattants ou les chasseurs se réunissaient un fois par an et cela se terminait autour d’une bonne table.
La salle de la mairie servait de salle de banquet à cette époque. Quelques fêtes de famille, mariages ou autres se déroulaient aussi au 1er étage du restaurant. Lors de ces banquets, un personnel occasionnel (jeunes ou retraités) était embauché pour officier comme serveurs, cavistes et plongeurs.
L’établissement était tenu par la famille Louvet et ce, jusqu’au dernier jour d’ouverture de cet établissement. Œuvre du temps et de la modernité, le bâtiment a été détruit en 2016. A sa place, des maisons de village ont été proposées à la location pour de nouveaux habitants.
Article de Jean-Pierre Venet